HISTOIRE
Cette cérémonie aux étranges rites tribaux naquit en effet d’une ancienne légende tamoule. C’est l’histoire d’Idumban, un nom hautement symbolique, puisqu’il veut dire “orgueilleux”. Cet homme était un bandit repenti, disciple du gourou Agattiyâr. Celui-ci ordonna: “Pars dans les montagnes, Idumban, et ramène-moi les deux cimes! Tu les attacheras à chaque extrémité d’un cavadee (le cavadee, ou kâvadi, est une simple palanche, c’est à dire un bâton qui sert à transporter des charges). Idumban, obéissant et fidèle, partit avec sa femme et attacha solidement les deux sommets à sa palanche puis entreprit de les ramener à Agattiyâr. Mais en chemin, le dieu Muruga, fils de Shiva et d’Ouma, se métamorphosa en petit garçon et se cacha dans un des sommets pour en alourdir la charge. Indumban le découvrit bien vite et dans sa fureur, car bien entendu il ne put reconnaître son dieu, il commença à se battre avec lui. Mais Muruga le transperça de sa lance et l’homme mourut. Par leurs prières, le sage Agattiyâr et bon nombre de fidèles demandèrent avec insistance la grâce d'Idumban, si bien que leur dieu accepta de le ressusciter. Pour le remercier de sa bonté, il fut décidé que tous ceux qui porteraient le cavadee jusqu’au temple verraient leurs voeux exaucés, et par ce geste le remercieraient aussi des faveurs accordées tout en se rapprochant de lui, de sa sagesse et de sa bonté.
THAIPOOSAM CAVADEE
La fête a lieu plusieurs fois dans l'année, mais la plus grande et la plus connue est celle du "Thaipoosam Cavadee", qui est célébrée en janvier ou février. Ce jour de fête est un grand jour pour les Tamouls de l’île Maurice. Le “kodi” (drapeau portant les dessins du “vel”: la lance qui tua Idumban, et un paon ou un coq) est hissé à l’entrée du temple, indiquant le début du jeûne. Un jeûne qui durera dix jours.
Durant cette période sacrée, le fidèle doit purifier son âme et son coeur, en chassant haine, passion, orgueil et envie. Abstinence et prières sont de rigueur. Tous ceux qui désirent participer au Cavadee doivent se préparer physiquement et spirituellement à cette magnifique mais très éprouvante cérémonie. Un bracelet leur est noué au poignet en signe d’engagement et de soumission. Durant plusieurs jours les pénitents se rendent au temple pour prier la divinité et chanter des hymnes. Des offrandes y sont déposées: noix de coco, fruits, lait, eau safranée...
Les fidèles s’attèlent à la confection d’un cavadee, mais aussi d’autres palanches plus petites, symbolisant le temple du dieu Muruga. On assemble bois et bambous en une grande arche qui peut parfois aller jusqu’à trois mètres de hauteur! Elles sont parées de feuilles de cocotiers, de plumes de paons, de fleurs, de citrons verts, de tissus chatoyants tous cousus de clochettes tintinnabulantes et de petites icônes de leur dieu.
Le jour de la cérémonie, les rituels se succèdent: prières, offrandes et bain purificateur. Après les ablutions dans la rivière ou dans la mer, du lait est versé dans deux petits pots en cuivre, qui sont recouverts d'un morceau de tissu, avant d'être attachés au cavadee. La plupart des dévots sont habillés en fuchsia, certains hommes sont torse nu, leur poitrine sombre déjà offerte. Le front, les épaules, le dos et la poitrine sont enduits de cendres sacrées. Les enfants ouvrent de grands yeux amusés ou inquiets, car arrive l’heure du sacrifice.
Les dévots offrent leur chair aux “vels”, de fines aiguilles, mais aussi de longues piques de métal ou d’argent, transpercent leurs joues, leur front et leur langue, car les croyants font aussi vœu de silence! Les vels symbolisent la lance de Muruga qui tua Idumban, elle doit donc être plantée dans leur dos, leur torse, leur ventre, leurs jambes... Des dizaines de fines aiguilles alignées en éventail sur le dos, et dont certaines ont un embout ressemblant à une petite plume, font penser à la parure des oiseaux et notamment à celle des paons. D’autres, piquées dans la bouche sont reliées à des chaînettes qui se balancent lentement sous les mentons. Il n’y a ni cris, ni pleurs, ces hommes restent dignes et stoïques, car la souffrance n’est rien et dieu est tout. Les enfants, qui dès six ans ont décidé de participer au Cavadee grimacent en silence, une aiguille plantée dans la langue. C’est la victoire du bien sur le mal, dit-on. La concentration les aide à ne plus ressentir de douleur, et l’on assure que l’effet de la lumière sur les aiguilles est bénéfique pour le corps… mais quelques anciens, ayant décidé de ne plus participer à ces “piercing” racontent qu’on ne plante pas n’importe où ces flèches acérées, ces crochets meurtriers. Et que, hélas, les simples aiguilles d’antan se sont, par excès et surenchère changées en piques de plus en plus grandes, parfois longues de plusieurs mètres! Les anciens sont sages…
La procession s’ébranle, l’arche est tirée par des hommes harnachés, des femmes en transe, les fidèles, les membres de leur famille et leurs amis, tous chantent, prient et avancent avec ferveur et effort vers la maison de Muruga. De petits autels à roulettes semblables à des jouets d’enfant, sont tirés par des chaînes, des chaînes fixées par des crochets agriffés à même la peau.
Aveu : j'ai piqué le texte sur http://www.mysterra.org/webmag/ile-maurice/cavadee.html, Pour les photos pas de soucis tout est de mi'!
PHOTOS ... !!!
(même pas peur !)
Sur cette petite charette-hôtel tirée à "peau d'homme"...
finito ... pour cette année !
et la rue de mon village retrouve son visage habituel ...
avec, peut-être, un peu de "vapeurs mystiques" en plus !